RSSI : un pilier stratégique (et souvent isolé) au cœur des enjeux de cybersécurité

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RSSI

Dans un monde où les cyberattaques explosent et où la pression réglementaire ne cesse de croître, le Responsable de la Sécurité des Systèmes d’Information (RSSI) a vu son rôle profondément évoluer. De simple garant technique, il est devenu un acteur central de la stratégie d’entreprise, attendu sur tous les fronts : anticipation des menaces, conformité, pilotage de crise, sensibilisation des équipes… et implication au plus haut niveau de la gouvernance.

À travers cet article, notre Observatoire des Talents Tech vous propose une plongée dans la réalité du métier de RSSI en 2025 : tensions sur le marché, transformations du rôle, attentes des candidats et bonnes pratiques de recrutement.

75 % des entreprises françaises déclarent manquer de talents en cybersécurité. Et 58 % des RSSI envisagent un changement de poste en 2025

Source : étude Cybersecurity Workforce 2024. Ces chiffres en disent long sur la tension du marché.

Un marché sous tension

La pénurie de talents en cybersécurité atteint un niveau critique : 75 % des entreprises françaises affirment manquer de profils qualifiés, tandis que 58 % des RSSI envisagent de changer de poste d’ici 2025 (source : étude Cybersecurity Workforce 2024). Ce double constat reflète une situation préoccupante pour les entreprises : les cyberattaques progressent à un rythme effréné (+35 % en 2024) alors que le turnover des RSSI explose.

Cette tension s’explique par plusieurs facteurs : la complexité croissante des systèmes, la pression des nouvelles réglementations (RGPD renforcé, DORA, directive NIS2), et la montée des risques internes, notamment liés aux erreurs humaines ou aux pratiques de shadow IT. Résultat : les entreprises recherchent désespérément des profils capables de combiner expertise technique, vision stratégique et leadership.

Cartographie des RSSI en France

On recense un peu plus de 3 700 RSSI dans l’Hexagone, avec une forte concentration en région parisienne. Derrière Paris (près de 1 900 profils), les grandes métropoles comme Lyon, Toulouse, Rennes ou Lille rassemblent également une part significative de ces experts.

Mais c’est du côté des offres d’emploi que les disparités se creusent. Rennes, Toulon, Limoges ou encore Bordeaux figurent parmi les zones où la demande explose alors que peu de professionnels y sont implantés. À l’inverse, Toulouse, bien dotée en RSSI, affiche aujourd’hui un nombre d’opportunités relativement bas, ce qui pourrait faciliter les recrutements locaux.

Le secteur des ESN reste le premier pourvoyeur de postes (25 % des RSSI y exercent), suivi par les banques, les assurances, le secteur public et les éditeurs de logiciels. Fait marquant : certaines filières industrielles voient leurs besoins bondir. En un an, les créations de postes ont grimpé de 900 % dans l’industrie lourde, de 600 % dans la production d’électricité, et de 238 % dans l’industrie cosmétique.

Les grands employeurs de RSSI :

  • Thalès, EDF, BNP Paribas, Orange, Capgemini…

Mais attention : certaines entreprises enregistrent un taux élevé de départs : Veolia (33 %), Docaposte (29 %), Inetum (25 %).

Le rôle du RSSI se transforme

Aujourd’hui, le RSSI ne peut plus être cantonné à une fonction purement opérationnelle. Son rôle est désormais transverse et stratégique. Face à la sophistication croissante des attaques et à l’exigence de résilience, les entreprises attendent de leur RSSI qu’il anticipe les risques, pilote la cybersécurité de bout en bout et dialogue directement avec la direction générale.

La généralisation du cloud, la mise en place d’architectures Zero Trust ou encore l’adoption du DevSecOps redéfinissent également le quotidien du RSSI. À cela s’ajoutent les attentes d’une posture de leader capable de sensibiliser les équipes internes, d’évangéliser la direction, et d’influencer les arbitrages budgétaires.

Mais cette montée en puissance a un prix : la charge mentale est considérable. Beaucoup de RSSI opèrent encore sans équipe dédiée, disponibles 24/7, sous la pression constante de menaces, d’obligations légales et du risque de mise en cause personnelle en cas d’incident majeur. C’est l’une des raisons qui poussent certains à se tourner vers des modèles fractionnés, en tant que CISO à temps partagé.

Attentes mal alignées, recrutements compliqués. Ce qu’ils veulent vraiment !

70 % des RSSI quittent leur poste lorsqu’ils ne sont pas intégrés aux décisions stratégiques.

Le marché souffre aussi d’un profond malentendu. Trop souvent, les entreprises recherchent un “super-héros” de la cybersécurité, capable de tout gérer seul : technique, gouvernance, conformité, gestion de crise… Or, ce que recherchent les RSSI en 2025, c’est une reconnaissance de leur rôle stratégique, un cadre de travail clair, et des moyens à la hauteur des ambitions.

Selon les retours de nos candidats, trois éléments sont essentiels pour qu’un poste retienne leur attention : être intégré en amont des décisions, disposer d’une équipe ou d’un réseau de partenaires solides, et bénéficier d’un budget dédié avec des objectifs réalistes. Sans cela, ils passent leur chemin.

La rémunération reste évidemment un facteur d’attractivité, d’autant plus qu’elle est en forte inflation. Un RSSI senior peut espérer entre 15 et 25 % d’augmentation lors d’un changement de poste. Mais au-delà du salaire, c’est l’environnement global qui compte : télétravail hybride, montée en compétences via des certifications comme CISSP ou OSCP, soutien du COMEX…

Focus métier : RSSI, un quotidien à la croisée des chemins

Le cœur de mission du RSSI reste la définition et le pilotage de la stratégie cybersécurité. Il doit garantir la conformité aux normes (ISO 27001, NIS2, RGPD…), anticiper et gérer les incidents, encadrer les audits, et surtout former et sensibiliser les collaborateurs à tous les niveaux.

Ses missions clés :

  • Élaborer la stratégie cybersécurité
  • Gérer les incidents et les crises
  • Sensibiliser et former les équipes
  • Piloter audits, tests d’intrusion et conformité

Compétences recherchées :

  • Leadership, pédagogie, capacité à convaincre des COMEX
  • Sécurité offensive/défensive : SOC, pentest, forensic
  • Gouvernance & réglementation : RGPD, ISO 27001
  • Cloud & DevSecOps : IAM, MFA, Zero Trust…

Comment attirer un bon RSSI ?

C’est un véritable défi pour les entreprises. Voici trois leviers clés à activer.

Donnez-lui un vrai rôle stratégique : D’abord, il faut donner du poids stratégique à la fonction. En rattachant le RSSI à la direction générale et en l’impliquant dans la définition des budgets, vous renforcez son impact – et votre sécurité.

Offrez un cadre de travail sain : Ensuite, il est crucial d’offrir un cadre de travail stable et valorisant. Le télétravail est une attente forte, de même que les perspectives d’évolution et la possibilité de se former en continu.

Proposez un package à la hauteur : Enfin, la notion de bien-être ne doit pas être négligée. Un RSSI isolé, sous pression, ne restera pas. Intégrer la cybersécurité dès l’amont des projets (via le DevSecOps notamment) permet de créer une culture plus collaborative et préventive.

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